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CHAPITRES :

Pour faire face aux enjeux actuels et à venir, de nombreux programmes de recherche sont menés sur le colza. Présentation de quelques uns d'entre eux.

De l'avis des spécialistes, le colza possède encore un immense potentiel d'amélioration. Produire plus et mieux, créer des variétés mieux adaptées aux différents usages et/ou capables de conquérir de nouveaux territoires : les programmes de recherche sont variés et nombreux. En voici quelques uns.

Exploiter la diversité génétique et mieux connaître cette espèce

De nombreuses variétés de colza ont été produites de par le monde. Elles présentent différentes qualités de la graine, des types hiver ou printemps, des résistances aux maladies et des réactions différentes aux contraintes environnementales cependant la forte sélection sur les critères de qualité de la graine a conduit à une forte réduction de sa diversité. Des sources de diversité nouvelles existent soit chez des formes de la même espèce botanique que sont les colzas fourragers ou les rutabagas mais également chez les espèces parentales, la navette et le chou. Ces dernières très cultivées, essentiellement comme espèces légumières, présentent de très nombreux cultigroupes permettant de produire des légumes-feuilles (choux pommés, choux-fleurs, broccoli, choux chinois, Petsaï, Pack Choï, komatsuna) ou des légumes racines (navets, rave…). L’ensemble de ces ressources génétiques sont conservées dans des Centres de Ressources génétiques afin de pouvoir être mises à la disposition de tous. Des travaux de recherche sont conduits afin de mieux décrire la diversité disponible.

Cette diversité peut être introduite dans des variétés cultivées de colza. Les données de séquençage des génomes nous ont révélé que les espèces parentales présentent des triplications de blocs de gènes. Après hybridation pour former le colza, ces régions se trouvent donc en six copies qui ont subies des évolutions différentielles. Cette structure très redondante explique à la fois la plasticité de de cette espèce mais également le fait qu’il existe des organisations chromosomiques différentes d’une variété de colza à l’autre. Des programmes de recherche sont en cours pour comprendre comment se fait l’échange d’information génétique lors de croisements afin d’exploiter au mieux la diversité disponible y compris celle des espèces parentales, navette et chou.    

Accompagner l'essor de la culture

Les enjeux liés au rendement et à la qualité de l'huile et du tourteau de colza sont toujours d'actualité, et largement travaillés par les sélectionneurs. Ces derniers s'intéressent par exemple à l'architecture de la plante (qui mesure couramment 1,60 m à la floraison), pour obtenir des variétés plus petites, et donc plus faciles à récolter et moins sensibles à la verse ; ou encore à la composition en acides gras de l'huile pour un meilleur profil nutritionnel ou une meilleure adéquation avec des usages industriels. Mais pour faire face à l'extension prévisibles des surfaces cultivées, d'autres pistes de recherche s'ajoutent, comme celle d'adapter le colza à des milieux de plus en plus variés et contraignants.

Le génome du colza séquencé

Un consortium international d’une trentaine d’instituts de recherche, piloté par l’Inra et le CEA (Genoscope) et associant le CNRS et l’université d’Evry, a rendu publique en 2014 la séquence de référence du génome complet du colza.

En savoir plus : http://presse.inra.fr/Ressources/Communiques-de-presse/genome-du-colza-s...

Référence : Chalhoub et al. Early allopolyploid evolution in the post-Neolithic Brassica napus oilseed genome. Science, 22 août 2014. DOI: 10.1126/science.1253435

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Pratiques culturales sur colza

Vers une culture plus économe en intrants

Les préoccupations environnementales actuelles amènent également à rechercher des variétés plus économes en intrants. Il s'agira par exemple de sélectionner des plantes sur leur profil racinaire pour améliorer l'absorption d'azote et sur l’efficacité de la remobilisation de l’azote des feuilles vers les graines, ou encore des variétés résistantes aux maladies et ravageurs, par exemple au phoma (champignon responsable de la Nécrose du collet) ou à la Hernie des Crucifères (causée par le protiste Plasmodiophora brassicae). Le désherbage peut aussi se révéler difficile car certaines adventices (ravenelles, capselles, moutardes…) sont des espèces très proches du colza. Dans certains pays, des variétés tolérantes aux herbicides ont été développées par transgénèse ; elles ne sont pas autorisées en France. Des travaux sont également en cours sur la résistance aux insectes, qui pourrait être liée à l'émission de certains composés volatils. Enfin, certains projets de recherche visent à améliorer encore les atouts du colza dans l'assolement. De plus en plus, les recherches se tournent vers l’étude des interactions entre ces stress biotiques et abiotiques qui peuvent impacter simultanément ou séquentiellement la culture tout au long de son cycle et affecter la réponse de la plante à certains de ces stress.

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Dans le monde, la maladie de la nécrose du collet (ou phoma) du colza est responsable d’une diminution de 5 à 20 % de la production et peut entraîner localement la destruction de parcelles entières.

Une amélioration de la qualité toujours nécessaire

En France, le tourteau de colza représente jusqu’à 5% des aliments pour volailles, 10% pour les porcs et 15% pour les ruminants. Cependant la qualité des tourteaux de colza reste inférieure à celle du tourteau de soja en termes de teneur en protéines, d’équilibre en acides aminés et de digestibilité in vivo. Des travaux sont engagés pour évaluer et utiliser la diversité génétique du colza pour améliorer la qualité de son tourteau afin qu’il soit un produit à forte valeur ajoutée et non plus seulement un sous-/co- produit de l’extraction de l’huile.

Conserver une biodiversité aussi large que possible

Pour répondre à ces multiples enjeux, les sélectionneurs ont plus que jamais besoin de s'appuyer sur une large diversité génétique dans laquelle piocher. D'où l'intérêt de conserver un panel aussi large que possible de variétés de colza, mais aussi de chou et de navette, dont certains caractères pourraient se révéler intéressants pour répondre aux enjeux actuels et à venir. En France, les ressources génétiques de Brassica (chou, chou-fleur, moutarde, navet, colza) sont gérées par le centre de ressources biologiques BrACySol, installé à Rennes-Ploudaniel. La collection de colza compte 3 600 accessions, partagées en quatre sous-ensembles : des variétés de colzas oléagineux créées en France, des génotypes de colzas oléagineux à des fins de recherche, des lignées de moutarde brune et des colzas fourragers.

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Adapter le colza à des milieux de plus en plus variés et contraignants.
Le saviez-vous ? : 

Il existe deux types de colza : celui de printemps et celui d'hiver. Mais il est possible de fabriquer un type de variété adapté à la fois aux semis de printemps et à ceux d'hiver, tel le colza de printemps australien, ou celui alternatif en Chine.

En savoir plus  : 

Sur la sélection du colza :

Sur la filière en France et ses enjeux :

Sur les atouts environnementaux du colza :

Sur le centre de ressources biologiques BrACySol :

Anne Marie Chèvre, Régine Delourme et Michel Renard - INRA