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CHAPITRES :

Huile pour l'alimentation humaine ou pour des usages non-alimentaires, tourteau pour l'alimentation animale : tour d’horizon des débouchés du colza.

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Les débouchés du colza (source: Terres Inovia)

Huile alimentaire

L'huile de colza est aujourd'hui l’une des principales huiles alimentaires produites en Europe, avec l'huile de tournesol et l'huile d'olive. Grâce aux sélectionneurs, qui se sont attachés dans les années 1970 à créer des variétés à faible teneur en acide érucique (potentiellement dangereux pour la santé humaine ; application anticipée du principe de précaution), elle présente aujourd'hui un très bon profil nutritionnel du fait en particulier de sa richesse en oméga 3). Les travaux de sélection se sont poursuivis pour modifier l’équilibre en acides gras de cette huile, en proposant des variétés présentant des profils en acides gras très particuliers, par exemple à haute teneur en acide oléique et à faible teneur en acide linolénique pour une meilleure stabilité à des températures élevées ou à des contraintes mécaniques.

Le saviez-vous ? : 

La composition en acides gras de l'huile de colza est intéressante au plan nutritionnel :

  • peu d'acides gras saturés : seulement 7 à 8 % ;
  • plus de 60 % d'acide oléique, acide gras mono-insaturé ;
  • 30 % d'acides gras polyinsaturés dont : 21 % d'acide linoléique (acide gras essentiel précurseur de la famille des acides gras oméga 6) et 9 % d'acide alpha-linolénique, acide gras essentiel précurseur de la famille des acides gras oméga 3.

L'huile de colza apporte également des vitamines, notamment de la vitamine E.

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Tourteau de colza pour l’alimentation animale

Co-produit issu de la trituration des graines, le tourteau de colza est utilisé en alimentation animale comme source de protéines, surtout chez les bovins (70 %), de manière importante et croissante chez les porcins (30 %) et encore assez peu chez les volailles. Là encore, la sélection variétale a joué un rôle important dans la pérennisation de ce débouché, en réduisant notamment la présence d'un facteur anti-nutritionnel (les glucosinolates). Et elle continue de le faire, par exemple à travers les programmes visant à augmenter la teneur en protéines ou à améliorer la digestibilité de celles-ci en diminuant la teneur en cellulose.

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Vaches consommant du tourteau de colza

Agrocarburant

L'utilisation de l'huile de colza comme agrocarburant est assez récente et a connu un véritable essor. L'huile végétale brute est transformée en ester méthylique utilisé en mélange au gazole sans avoir à modifier les moteurs. En France, le biodiesel est connu sous la marque "diester" (contraction de diesel et ester), et un automobiliste sur deux possédant une voiture diesel en consomme (souvent sans le savoir), incorporé au gazole à hauteur maximale de 5 %. Pour contribuer à la pérennisation de cet usage, des programmes de sélection variétale s'attachent par exemple à obtenir des profils d'acides gras particuliers, rendant l'huile moins sensible à l'oxydation et permettant un meilleur fonctionnement à froid des moteurs diesel.

Bioproduits

Bien que plus marginaux, d'autres débouchés existent pour le colza. Des dérivés de l'huile de colza peuvent être utilisés pour fabriquer des biolubrifiants (incorporés par exemple dans des produits d'usinage pour réduire l'usure liée aux frottements), des tensioactifs (pour des savons, crèmes, rouges à lèvres...), des solvants (huiles adjuvantes utilisées en agriculture par exemple) ou encore des encres d'imprimerie. Cette adaptation à des utilisations industrielles est rendue possible grâce aux travaux de sélection qui se sont attachés à adapter le profil de l'huile de colza (voir graphe ci-dessous). A titre d’exemple, des variétés riches en acide érucique sont cultivées pour la production d’émollients.

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Les huiles végétales et leurs dérivés possèdent des propriétés solvantes, hydrauliques, lubrifiantes, émollientes ou tensioactives, qui leur confèrent un intérêt grandissant pour remplacer les produits dérivés du pétrole."

40 à 45 % : c'est la teneur en huile des graines de colza.

Anne Marie Chèvre, Régine Delourme et Michel Renard - INRA