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CHAPITRES :

Muséums, jardins botaniques et zoologiques ont depuis longtemps concilié deux aspects — préservation des collections ou des ressources vivantes et exposition au public. Il existe à Montpellier et dans sa région des lieux de médiation scientifique : le Jardin des Plantes, le parc Darwin et les jardins antiques moins connus.

Les collections présentées dans ce dossier ont été développées avant tout à des fins scientifiques. Cependant, elles peuvent aussi servir à d’autres desseins. Ainsi, certaines d’entre elles sont utilisées comme outils pédagogiques, notamment dans le cadre de cursus d’enseignement supérieur, mais également pour sensibiliser scolaires et grand public aux questions de biodiversité. Ainsi utilisées, elles deviennent de véritables outils de médiation scientifique.

Du laboratoire au citoyen : la médiation scientifique

Le grand public a besoin de mieux connaître et comprendre la biodiversité, dont l’importance pour nos sociétés n’est pas toujours facile à appréhender. Il peut aussi être amené à participer à la recherche en s'impliquant notamment dans les inventaires, proposés dans des programmes de sciences citoyennes. Peuvent ainsi se nouer des échanges bilatéraux entre public et scientifiques ; le dialogue qui permet ces échanges est l'essence même de la médiation scientifique.

Pour aller au-delà de la simple transmission des savoirs, au-delà de l'enseignement ou de la communication scientifique, il faut établir des relais entre le producteur de connaissances et le public. Cela nécessite une « traduction » des problématiques et connaissances scientifiques dans un mode d'expression compréhensible, s'aidant de cadres cognitifs, esthétiques et affectifs connus du public. Par l'émotion qu'elles suscitent ou la curiosité qu'elles éveillent, les collections de biodiversité se prêtent bien à cette approche.

Les formes, outils et supports mobilisables pour ce travail de médiation sont très variables selon le contexte ou le type de public : de l'exposition à l'animation, du site web aux bases de données participatives, de la conférence au débat, de l'atelier découverte aux publications, des collections muséologiques aux collections vivantes...

Les collections vivantes dans la médiation scientifique

Les collections vivantes, jardins ou parcs, articulent la préservation des collections ou des ressources avec l'exposition au public. Elles relèvent de la médiation naturaliste, abordant les questions scientifiques par une approche concrète et en général sensible, et amènent souvent le public à une réflexion interdisciplinaire en combinant intérêts scientifique et patrimonial.

La région Languedoc-Roussillon est riche de son histoire, de la diversité de ses territoires et de la qualité des recherches qui y sont menées en écologie et sur la biodiversité. Les collections vivantes qu'on y rencontre sont le reflet de ces richesses.

À Montpellier, un complexe existe en plein coeur de ville, le Parc Darwin, alliant un parc zoologique (à vocations multiples : éducation, sensibilisation du public, conservation in situ), une serre amazonienne (à but surtout pédagogique), une réserve naturelle (illustrant la diversité vivante anthropisée, objet de visites guidées et d'ateliers pédagogiques), et un centre d'accueil pour des animations. Un jardin botanique, le Jardin des Plantes, incontournable patrimoine culturel et touristique de la ville, témoigne d'une activité scientifique florissante depuis des siècles, insérée dans divers réseaux nationaux et internationaux.

D'autres passerelles relient dans les Jardins Antiques recherche, patrimoine archéologique, collections botaniques, ethnobotaniques et historiques, mêlant médiation culturelle et scientifique.

Des collections de données ou images, la démarche participative

De nombreux ouvrages et cédéroms de taxonomie et de systématique édités par différentes institutions de recherche ou associations diffusent et valorisent les connaissances sur la biodiversité auprès de professionnels et amateurs amoureux de la nature.

Des réseaux de science collaborative tels que Tela Botanica permettent d'intégrer les contributions volontaires (observations de scientifiques ou d'amateurs éclairés) dans de vastes programmes nationaux ou internationaux.

Le jardin Antique Méditerranéen à Balaruc-les-Bains (Hérault) : la cellule des Apicius (maraîchères, condimentaires et aromatiques)
Le jardin Antique Méditerranéen à Balaruc-les-Bains (Hérault) : la cellule des Apicius (maraîchères, condimentaires et aromatiques)

Des approches originales : se « biodivertir »

La Fête de la Biodiversité, organisée chaque année par la ville de Montpellier, est le lieu de rencontre entre le grand public et de multiples acteurs liés à la biodiversité (organismes de recherche, associations…). Les passerelles entre arts et sciences sont au goût du jour, et les interactions avec le théâtre sont de plus en plus fortes; c'est ainsi que depuis 2010 des chercheurs mettent en scène la biodiversité dans le Petit Théâtre de la Biodiversité.

Autre approche pédagogique : apprendre à prospecter, inventorier, mesurer, observer, décrire, classer, appréhender la diversité, la classification, l'écologie, l’évolution, en se basant sur une collection de peluches. Tel est le défi lancé depuis 2010 par le Pôle Culture Scientifique de l'UM2.

Médiation, culture et science

Le médiateur scientifique est un passeur de connaissances, mais aussi de passion, de sensibilité, de poésie... Les actions culturelles concernant le patrimoine, l’ethnologie, l’histoire des techniques, etc., font partie intégrante de la diffusion de la culture scientifique. Des espaces de dialogue et d'échanges redonnant à la science toute sa dimension sociale et culturelle sont à construire et, comme disait le physicien français Jean-Marc Lévy-Leblond, il est urgent de « mettre la science en culture ».

Paula Dias (Agropolis International), Sylvie Hurtrez-Boussès (UMR Mivegec et Département d'enseignement de Biologie-Écologie, UM2), Luc Gomel (Parc Darwin - Ville de Montpellier) & Thierry Brassac (Pôle Culture Scientifique UM2)