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CHAPITRES :

De son berceau mexicain à son expansion planétaire actuelle, l’histoire du maïs est intimement liée à celle des Hommes. Retour sur la domestication de cette plante millénaire.

Un ancêtre mexicain : la téosinte

Quel est l’ancêtre sauvage du maïs ? Et quel a été son parcours au fil des siècles, pour devenir aujourd’hui la première céréale produite dans le monde (900 millions de tonnes en 2013/2014), devant le blé et le riz ? Ces questions ont longtemps fait débat au sein de la communauté scientifique, tant le maïs a voyagé et s’est modifié. Aujourd’hui, les connaissances archéologiques et génétiques permettent de situer le berceau du maïs au Mexique, et plus précisément dans la moyenne vallée du Rio Balsas, au sud de Mexico. On y trouve d’ailleurs toujours son ancêtre sauvage : la téosinte, de son nom latin zea mays parviglumis. Les chasseurs cueilleurs ont commencé à la domestiquer il y a environ 9 000 ans. En quelques siècles, la téosinte (ancêtre sauvage) devenue maïs (espèce cultivée) gagne en taille d’épi, en nombre de grains et acquièrent une rafle. Et le maïs devient la nourriture principale de toutes les grandes civilisations amérindiennes (Mayas, Aztèques, Incas, etc.).

Le saviez-vous ? : 

Les premiers agriculteurs amérindiens, par simple sélection massale ont sélectionné des mutations qui ont façonné le maïs tel qu’on le connaît aujourd’hui :

  • le grain qui, à maturité, reste solidement attaché à l’épi par une rafle. Cette caractéristique, commune à toutes les espèces cultivées, est « contre-nature » car la plante ne peut plus se disséminer seule. Elle permet en revanche une récolte beaucoup plus rapide et sûre.
  • La suppression de la coque dure qui protégeait la graine de téosinte. Cette mutation expose la graine aux insectes et aux champignons, mais la rend infiniment plus digestible pour l’homme et ses animaux domestiques.
  • Une architecture de la plante qui permet de supporter un fort rendement en grains sans verser, la masse de grains étant située à mi-hauteur de la tige plutôt qu’à son extrémité ; et avec de grandes feuilles latérales (les spathes) qui recouvrent et protègent les grains.

De l’Amérique au reste du monde

Le maïs suit les migrations des populations amérindiennes et descend de ses montagnes d’origine, d’abord vers les plateaux et plaines du Yucatan et les Caraïbes, puis vers les massifs voisins des Andes. Peu à peu, il gagne tout le continent américain. Les populations nord-américaines commencent à le cultiver à partir de l’an 500 de notre ère.

Au gré de ses voyages, la plante évolue et s’adapte. Elle perd notamment ses exigences vis-à-vis de la photopériode, ce qui lui permet de fleurir également dans les zones non tropicales. Quand les Européens découvrent l’Amérique, ils trouvent ainsi un maïs adapté à tous les climats (maïs tropicaux ou tempérés) et riche d’une diversité étonnante en couleurs et types de grains, depuis les « pop corns » aux minuscules grains totalement vitreux, jusqu'aux maïs farineux et aux maïs doux riches en sucre.

A partir du 15e siècle, le maïs est introduit en Europe, d’abord en Europe du Sud (depuis l’Amérique centrale et les Caraïbes, puis l’Amérique du Sud), puis en Europe du Nord (depuis l’Amérique du Nord). Des croisements entre ces différentes introductions conduisent ensuite à des variétés spécifiques au continent européen. La grande diversité de cette culture facilite grandement son adaptation, en Europe mais aussi en Afrique et en Asie. Partout, les agriculteurs poursuivent le travail d’amélioration variétale entamé par les populations amérindiennes, et créent ainsi des milliers de variétés adaptées à leurs climats et à leurs habitudes alimentaires.

1e céréale produite dans le monde. Le maïs devance le blé et le riz. Les principaux pays producteurs sont les Etats-Unis (environ 40 % de la production mondiale) et la Chine (environ 20 %)

Le saviez-vous ? : 

L’une des particularités du maïs est de posséder un système de photosynthèse spécifique (dit en C4), qui lui permet de très bien valoriser la lumière et la chaleur. De fait, le cycle de développement de cette plante est très court et efficient. Par ailleurs, le maïs est une plante monoïque : les fleurs mâles (la panicule, située à l’extrémité de la tige) et femelles (l’épi, inséré à la base d’une feuille située au milieu de la plante) sont portées par la même plante, mais à des endroits différents. Les floraisons sont également décalées dans le temps (dichogamie), ce qui favorise la fécondation croisée : le maïs est donc naturellement une espèce allogame. Il reste néanmoins auto-fertile, mais avec une forte dépression de consanguinité.

En savoir plus  : 
Marie Martenot (Symbiotik), Anne Zanetto & Alain Charcosset (INRA)