Historique
Une tradition corse ancienne
L’action de l’Inra et du Cirad à San Giuliano s’inscrit dans la tradition de la contribution scientifique française à la connaissance des agrumes dont un des premiers ouvrages majeurs fut l’édition, en 1818, de l’« Histoire naturelle des orangers » de Risso et Poiteau et qui connut un réel essor après la Seconde Guerre Mondiale notamment grâce aux travaux réalisés par M. Chapot à Rabat au Maroc et M. Blondel à Boufarik en Algérie.
Orangers, citronniers, mandariniers étaient cultivés de longue date en Corse, mais de façon traditionnelle. Seul le cédrat dont plusieurs milliers de tonnes étaient expédiés dans toute l’Europe sous forme de fruits confits, entre la fin du XIXe siècle et la première guerre mondiale, constituait une réelle production agricole. Dans le plan de développement agricole de la Corse, élaboré par les pouvoirs publics en 1955 et mis en œuvre à compter de 1957, l’exploitation du potentiel agrumicole de la Corse était acté par le développement d’une agrumiculture moderne dans le cadre de la mise en valeur de la Plaine Orientale. C’est dans ce contexte que naquirent en 1958, ex nihilo, une station régionale consacrée à l’agrumiculture à San Giuliano et la collection de Ressources Génétiques Agrumes.
La station de San GIuliano date de 1958
Dans un premier temps, le travail a consisté à regrouper sur le site de San Giuliano diverses espèces et cultivars disponibles en méditerranée et intéressantes pour l’agrumiculture corse, principalement à partir des diverses collections d’Afrique du Nord. Toutes ces introductions étaient indexées sur plantes indicatrices afin de détecter et éliminer celles porteuses de maladies de dégénérescence connues (travaux de R. Vogel). Puis, au fil du temps, d’autres introductions d’agrumes polyembryonnés et de genres et espèces apparentés qui ne présentaient pas a priori d’intérêt pour la Corse ont également été introduites, en provenance d’Amérique, d’Asie, d’Afrique et d’Australie, sous forme de graines, afin d’obtenir des plants sains d’origine nucellaire (génome identique à la plante mère).
Le statut phytosanitaire privilégié de la Corse a permis la conservation de matériel végétal sain, identifié, caractérisé et évalué en plein champ, ce qui fait de la collection de San Giuliano un cas unique parmi les grandes collections mondiales d’agrumes. Dès la fin des années 1970, San Giuliano devient le seul dispositif français reconnu par la FAO pour sa capacité à diffuser des agrumes sains et identifiés et acquière ainsi une reconnaissance internationale. À partir de 1984, la technique de régénération par microgreffage d’apex étant maîtrisée, diverses introductions furent effectuées sous forme de greffons, contrôlés ou assainis suivant le schéma décrit par L. Navaro, (IVIA, Valence, Espagne). La collection de San Giuliano s’enrichit alors de nombreuses variétés monoembryonnées telles que le clémentinier et le bergamotier.
Au tournant du millénaire, l’émergence des biotechnologies et, surtout, de la biologie moléculaire, mais aussi le développement d’outils informatiques performants, de la numérisation des données et l’accroissement de la capacité de stockage des données numérisées ont permis d’enrichir considérablement les informations associées aux accessions conservées à San Giuliano et d’en faciliter l’analyse et l’exploitation. Ainsi, avec l’utilisation de marqueurs moléculaires (Microsatellite, SNPs,…) la phylogénie de certains génotypes a pu être précisée ou découverte. De même, la dynamique évolutive au cours de la maturité de caractères d’intérêt d’un point de vue de la qualité des fruits comme l’acidité, la teneur en sucres ou la coloration peut être intégrée dans la caractérisation des variétés.
Source (c) INRA