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CHAPITRES :

Changement climatique, modification des régimes alimentaires, évolution des pratiques agricoles… Autant de contraintes qui façonnent et transforment l’agrobiodiversité. Les anticiper et comprendre leurs conséquences est essentiel pour assurer la sécurité alimentaire de l’humanité.

En définitive, connaître le nombre précis de cultures qui nourrissent l’humanité n’est pas le point le plus essentiel. Il est en revanche important de déterminer comment l’agrobiodiversité va évoluer dans les années à venir, et de comprendre les conséquences des tendances actuelles. Au cours des cinquante dernières années, l’abondance relative des diverses cultures vivrières a changé. Néanmoins, si certaines se sont raréfiées, voire sont sur le déclin, il semble qu’aucune n’a encore complètement disparu (2). Dans le même laps de temps, les régimes alimentaires se sont diversifiés dans de nombreux pays. Ainsi, en Asie, de nouvelles cultures comme le blé ou la pomme de terre se sont implantées. Cette diversification régionale a eu pour effet d’homogénéiser les sources de nourriture au niveau mondial : l’augmentation du nombre de cultures disponibles pour les consommateurs dans certains pays a augmenté, tandis que les cultures traditionnelles locales ont vu dans le même temps leur importance relative se réduire. Les conséquences de cette homogénéisation sont multiples. Si elle peut avoir des effets positifs en termes de productivité et de lutte contre la sous-nutrition, l’augmentation des monocultures accroît la vulnérabilité aux ravageurs et aux maladies. Les problèmes nutritionnels, liés à des régimes alimentaires déséquilibrés, sont également susceptibles de toucher un plus grand nombre d’individus. Qui plus est, dans les années à venir la menace sur la sécurité alimentaire risque d’être démultipliée. Changements climatiques, pression foncière, raréfaction des ressources, croissance démographique… Tous ces facteurs vont altérer encore davantage un accès à la nourriture  déjà déficient dans de nombreuses régions du monde : aujourd’hui, près de 800 millions de personnes ne mangent pas à leur faim. Or en 2050, 2 milliards d’habitants supplémentaires peupleront la planète. Pour pouvoir nourrir la population mondiale, il faudra diversifier les régimes alimentaires, créer des variétés plus productives, nécessitant moins d’intrant, capables de résister aux ravageurs ou aux nouvelles conditions climatiques… Sélectionneurs et agriculteurs n’y parviendront que s’ils peuvent puiser dans un réservoir de diversité génétique et culturale le plus large possible. 

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Lionel Cavicchioli - CIRAD