Afin de relever les défis qui attendent l’agriculture, les sélectionneurs devront mettre au point de nouvelles variétés. Pour y parvenir, ils pourront notamment puiser dans les précieuses réserves des banques de ressources génétiques, créées pour sauvegarder la diversité des plantes cultivées.
La conservation de l’agrobiodiversité est un point essentiel pour assurer la sécurité alimentaire des futures générations. La principale stratégie actuelle repose sur l’établissement de collections de ressources génétiques, véritables banques de gènes dans lesquelles les scientifiques peuvent chercher les candidats les plus prometteurs pour répondre à une problématique donnée : résistance au manque d’eau, à un ravageur, rendement élevé… Les sélectionneurs peuvent ensuite les utiliser pour créer de nouvelles variétés. Actuellement, il existe quelques 1750 banques de gènes dédiées à la conservation des plantes cultivées, ce qui représente environ 7,4 millions d’accessions*. On en trouve sur tous les continents, même si leur nombre est plus réduit en Afrique que dans le reste du monde. Ces banques sont redondantes, pour limiter le risque de perte définitive d’une accession : sur les 7,4 millions précités, 25 % à 30 % sont uniques, le reste étant des duplicatas. Contrairement à la célèbre réserve du Svalbard, en Norvège, qui n’est ni plus ni moins qu’un entrepôt frigorifique, les collections de ressources génétiques sont « vivantes » : elles sont consultables par les chercheurs ou les sélectionneurs, qui peuvent commander les accessions qui les intéressent. Il s’agit d’outils dédiés à l’amélioration des variétés cultivées. Toutefois, malgré leur importance, les banques de gènes ne sont pas à l’abri des déboires. Outre la question de la sécurisation de leurs financements, souvent précaires, celle de leur devenir en cas de conflits armés ou de catastrophe naturelle est particulièrement préoccupante. Ce fut notamment le cas en Syrie en 2015. La ville d’Alep, qui abritait l’ICARDA, fut le théâtre d’intenses combats, forçant la relocalisation de la collection au Liban, ce qui fut rendu possible notamment grâce à la récupération de dépôts effectués au Svalbard.
Dans une collection de ressources génétiques, une accession correspond à l’unité de conservation de base. Lorsque des semences (ou des tissus, des plants...) d'une variété de plante sont reçues pour mise en collection, un identifiant unique (le numéro d’accession) leur est attribué. Ce dernier est associé à des renseignements tels qu’origine géographique, conditions de mise en collection (date, provenance), caractéristiques (phylogénie, phénotype…) etc. Le numéro d’accession n’est jamais réutilisé : si les lots de semences correspondants viennent à être épuisés et que la même variété est remise en collection, elle se verra attribuer un nouveau numéro d’accession.
La question de la pression foncière est également prégnante dans le cas de la conservation in situ, qui consiste à conserver les plantes dans leur milieu d’origine. Moins répandue que la conservation ex situ, cette pratique est toutefois indispensable pour certaines cultures, comme le cocotier ou le cacao. Ces collections peuvent parfois se trouver soudainement menacées, comme la collection internationale de cocotiers de la région Pacifique, en 2012, qui comptait 3200 arbres correspondant à 57 variétés. Menacée par le syndrome de Bogia, une maladie bactérienne transmise par des insectes, elle a dû être déplacée.