Alors que les parents sauvages des espèces cultivées constituent un précieux réservoir de diversité, peu de mesures sont prises pour les conserver. Une situation qui risque de priver les sélectionneurs d’importantes ressources génétiques dans les décennies à venir.
Les plantes sauvages apparentées aux cultures domestiquées possèdent elles aussi une diversité génétique particulièrement précieuse pour améliorer les variétés cultivées et les rendre plus productives, plus nutritives ou plus résilientes aux changements climatiques. Malheureusement, des travaux récents [bib]cle14471[/bib] conduit sur 1076 cousins éloignés de 81 plantes cultivées (céréales, tubercules, racines, épices, fruits, légumes etc.) ont montré qu'ils sont actuellement très mal conservés. Près du tiers ne sont pas présents dans les collections de ressources génétiques, et près du quart ne sont représentés que par moins de 10 échantillons. Selon les auteurs de ces travaux, plus de 70 % de ces cousins sauvages des plantes cultivées devraient être urgemment collectés pour compléter les banques de gènes. D'une façon générale, si l'on considère leur aire de répartition dans la nature et les variations écologiques potentielles, ce sont plus de 95 % des plantes sauvages apparentées aux espèces domestiquées qui sont insuffisamment représentées dans les collections. Autant dire que ces lacunes privent les sélectionneurs d'une richesse génétique incommensurable. Et d'une richesse économique tout aussi considérable : dans les années 1970, l'utilisation d'une espèce de riz sauvage a permis de mettre au point une variété résistante au virus du nanisme herbacé du riz, qui coûtait aux agriculteurs asiatique des centaines de millions de dollars de pertes.
La préservation de la diversité génétique des espèces agricoles ne s'arrête donc pas à la préservation des seules variétés cultivées. Le défi est d'envergure. Réussir à le relever nécessitera l'implication des chercheurs, de la classe politique, des ONGs, et, en fin de compte, des consommateurs.